Si pour des raisons de simplifications, et de pédagogie, nous utilisons des images empruntées à la mécanique, nous ne devons jamais oublier que les pièces d’une voiture ne pourront jamais se régénérer. Ainsi, nous sommes des êtres vivants avant d’être des pièces mécaniques en mouvement et nous nous régénérons en permanence à chaque seconde, même sans en avoir conscience !
La compréhension approfondie des mécanismes en jeu est encore loin d’être totale, mais les moyens de maintenir une excellente autonomie sont en progression constante.
Sur le plan pratique, la santé pourrait se résumer à un combat permanent entre les forces de destruction et les forces de régénération.
Un peu à l’image d’une ville qui pour construire du neuf devrait en permanence détruire et recycler l’ancien, nous sommes en bonne santé aussi longtemps que les forces de construction l’emporte sur les forces de destruction. Si rien n’est fait, la pente naturelle lors de l’avancée en âge est le renforcement des mécanismes de destruction et nous perdons de l’os, du muscles, des neurones entraînant ainsi une baisse progressive de nos capacités qu’elles soient physiques ou cognitives et une diminution des capacités d’adaptation et de l’autonomie. Heureusement, nous verrons que de nombreuses ressources sont à notre disposition pour y remédier et inverser cette tendance !
Ces 2 mécanismes opposés de construction / destruction sont influencés à la fois par :
-Nos gènes. Il existe des arguments en faveur d’une participation génétique dans la survenue du vieillissement. Par exemple, différentes espèces animales ont des durées de vie moyenne différentes et assez constantes au sein d’une même espèce. Chez l’homme, les familles à centenaires existent mais parallèlement, seuls 50 % des centenaires ont des centenaires dans leurs ascendants.
-Notre interaction avec l’environnement (alimentation, activités physiques ou cognitives, pollution, émotions, contexte social…). Même si la durée de vie maximum évolue peu chez l’Homme, (aux environs de 120 ans), notre style de vie et environnement influencent largement l’âge de survenue de maladies et le risque qu’elles entraînent une réduction de nos capacités, voire une disparition précoce.
Les forces favorisant le vieillissement :
Les forces internes
Le sentiment d’impuissance face au vieillissement et d’absence totale de contrôle, puissants accélérateurs d’oxydation et d’inflammation démontré par les travaux de Henry Laborit sur l’inhibition de l’action.
Oxydation cellulaire (apparentée à la rouille) liée au métabolisme et à la respiration entraînant une dégénérescence progressive des structures et une perte de leur fonctionnalité.
Phénomène de glycation (caramélisation des sucres et des protéines de l’organisme les rendant non fonctionnels et réfractaires à la dégradation par nos enzymes. Le résultat en est une accumulation dans nos tissus : peau (lipofuscine, taches de vieillesse), neurones (dégénérescence cérébrale), mitochondries, cartilage …
Dommages sur l’ADN (chromosomes portant l’information génétique). Défaut des mécanismes de réparation de cet ADN, le tout entraînant des erreurs dans l’expression des gènes (lecture de l’information génétique permettant la synthèse de nouvelles molécules). Les conséquences en sont une synthèse ralentie des nouvelles protéines qui sont en outre moins fonctionnelles.
Dommages des mitochondries : organites à l’intérieur de nos cellules, véritables centrales de production de l’énergie. Cette énergie est vitale pour le bon déroulement des milliards de réactions chimiques ayant lieue à chaque instant dans notre corps et nécessaire à la digestion, la production de chaleur, le mouvement, la mémoire, la croissance, la réparation, y compris la production de nos hormones.
Baisse d’efficacité ou déviance du système immunitaire, maladies auto-immune. Involution du Thymus par exemple dès l’âge de 20 ans. Le système immunitaire nous protège non seulement des bactéries et virus, mais joue également un rôle clé en tant que fossoyeur du corps en éliminant les cellules non fonctionnelles (cellules cancéreuses, toxines…).
Diminution de nombre des productions hormonales et baisse de sensibilité des récepteurs hormonaux (andropause, ménopause, diabète, burnout …).
Ces forces agissent de façon synergique et entraînent une perte de fonction progressive, touchant plus ou moins certaines fonctions (muscles, articulations, cœur, système respiratoire, cerveau, glandes, foie …) selon le bagage génétique et l’histoire propre à chacun.
Les forces externes
Style de vie sédentaire, absence de stimulation, dérèglement du rythme veille-sommeil, pollution de l’air, de l’eau, de la nourriture, consommation de toxiques (tabac, alcool…), environnement (exemple du soleil accélérant le vieillissement de la peau), sport en excès. La situation sociale et familiale pouvant selon le contexte jouer soit un rôle protecteur soit être pénalisante.
Les forces alliées dans la lutte contre le vieillissement : Notre conscience d’être humain et les systèmes de croyances auxquels nous adhérons par rapport au futur que nous nous autorisons à vivre pourraient être représentés par le fléau de la balance (la troisième force) qui dès lors devient déplaçable et modifie puissamment les équilibres internes, et ce de façon mesurable.
Les forces internes :
Anabolisme / réparation. Cellules souches toujours présentes, plasticité neuronale, plasticité synaptique, construction musculaire, osseuse … Renouvellement cellulaire constant depuis la naissance jusqu’au dernier souffle.
Systèmes antioxydants (Glutathion peroxydase, Superoxyde dismutase)
Réparation de l’ADN
Systèmes d’élimination des toxines (foie, poumons, reins, tube digestif, peau, muqueuses …)
Les forces externes :
Soutien de l’anabolisme (activité physique adaptée) + Nutrition optimisée (protéines), vitamines, maintien de taux hormonaux optimaux.
Nouveaux apprentissages permanents (physiques et cognitifs) favorisant l’acquisition de nouveaux schémas neuromusculaires et donc le renouvellement cellulaire.
Soutien des systèmes antioxydants (Glutathion, acide aminés cystéine).
Soutien de la réparation de l’ADN
Création d’un environnement social et familial favorable. Autonomie préservée, But de vie valorisant, trouver un sens à sa vie.
Soutien hormonal individualisé (Traitement andropause, ménopause, burnout, hypothyroïdies…).
En cas d’échec des moyens précédents, toute intervention permettant le maintien des fonctions physiques, cognitives et sociales (prothèses auditives, lunettes, prothèses articulaires …), maisons spécialisées orientées vers la préservation de l’autonomie maximale …
Références scientifiques en anglais :
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