Une fois l’indication posée, le choix pourra se faire sur :
un traitement à base de T4 seule (la moins active) tel Lévothyrox, dérivé synthétique utilisé 9 fois sur 10 et le plus courant en France, ou sur
des extraits thyroïdiens d’origine animale qui contiennent de la T4 (peu active), mais aussi de la T3 (l’hormone active) et encore en infimes quantités d’autres composants moins connus mais qui jouent des rôles complémentaires importants (T2, T1 et calcitonine).
En pratique :
En cas de traitement avec T4 seule (Lévothyrox) de nombreux patients gardent des symptômes d’hypothyroïdie même si leurs tests sanguins de T4 et TSH peuvent se normaliser.
Par contre, si le suivi est effectué sur la disparition complète des signes d’hypothyroïdie du patient ainsi que sur les dosages complémentaires de T3 libre, du ratio (T3/T4) et sur la prise en charge d’une possible insuffisance de production de cortisol associée l’utilisation des extraits thyroïdiens apportera souvent de meilleurs résultats que les dérivés synthétiques. Cette approche est malheureusement rare en France !
Raisons pour lesquelles les extraits thyroïdiens sont généralement plus efficaces bien que rarement prescrits :
T3 est l’hormone thyroïdienne active, pas T4.
Les effets d’un traitement à base de T4 synthétique seule reposent essentiellement sur sa transformation en T3 au niveau cellulaire.
Au cours du vieillissement, de nombreux paramètres influencent la transformation dans le corps de T4 en T3 (troubles de l’absorption, carences, déficience en hormones complémentaires comme le cortisol …) pouvant rendre un traitement à base de T4 seule peu efficace.
A savoir :
Un traitement à base d’extraits thyroïdiens doit toujours être démarré à faible dose avec une augmentation progressive des dosages jusqu’à la disparition des signes d’insuffisance. Il faut ainsi généralement 3 à 4 mois pour obtenir les meilleurs résultats.
La thyroïde jouant un rôle clé dans le métabolisme et la régulation de la température corporelle, les besoins en hormones sont fortement influencés par les saisons. Cela peut nécessiter des modifications des dosages, augmentation l’hiver et baisse l’été.
Les traitements à base d’estrogènes (pilule, ménopause), l’ingestion de Fluorides (dentifrices) ou encore la consommation excessive de produits dérivés du soja sont des inhibiteurs des hormones thyroïdiennes et peuvent révéler une insuffisance latente ou nécessiter une adaptation des dosages chez les patients déjà sous traitement.
Dans toute supplémentation thyroïdienne, il est capital de s’assurer de l’absence d’insuffisance fonctionnelle des surrénales à produire du cortisol. Le cortisol améliore l’utilisation des hormones thyroïdiennes par les cellules. Un profil salivaire du cortisol sur une journée peut se révéler précieux et expliquer pourquoi tant de patients sous hormones de synthèse ne sont que moyennement améliorés.
Remarque :
Les extraits thyroïdiens naturels sont souvent mal perçus en France notamment du fait d’abus dans leur utilisation pour la perte de poids sans aucun lien avec l’existence de déficit établi. Malheureusement, cela pénalise de très nombreux patients réellement en état d’hypothyroïdie fonctionnelle.
Références scientifiques en anglais :
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